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Construire en Pisé : L'Élégance Écologique de la Terre Créatrice

Dernière mise à jour : 5 janv.

Construire en pisé est une véritable alliance entre tradition et durabilité, qui repose sur un principe fondamental : l'utilisation judicieuse de la terre comme matériau de construction. Ce procédé ingénieux consiste à verser de la terre dans un coffrage, puis à la compacter méthodiquement. Bien que la technique puisse sembler simple à première vue, elle évolue de manière remarquable en fonction des spécificités régionales à travers le monde.


L'esthétique de la construction en pisé présente une diversité saisissante, allant du pisé d'aspect graveleux avec des graviers apparents à la délicate texture de la "fleur de pisé", où les graviers sont soigneusement damés à l'intérieur du mur. Chaque réalisation reflète ainsi non seulement les ressources naturelles locales, mais aussi l'expertise artisanale des bâtisseurs.


La période de construction s'ajuste harmonieusement aux caractéristiques climatiques de chaque région. Dans les zones tempérées, les travaux évitent les périodes de gel, tandis qu'en zones humides, la saison des pluies est contournée. Sous un climat sec et chaud, la construction s'adapte en évitant les fortes chaleurs. Ainsi, la construction en pisé se révèle être bien plus qu'une simple méthode, elle incarne une approche éclairée et respectueuse de l'environnement, adaptée aux particularités de chaque lieu.


Bon à savoir : on distingue deux types de pisé : le pisé stabilisé (on intègre des stabilisants tels que le ciment, la chaux ou d'autres agents chimiques à la terre, pour renforcer sa résistance), et le pisé non stabilisé (on utilise principalement de la terre naturelle, sans ajout de stabilisants chimiques).



architecte écologique bioclimatique var 06 Nice
Mur en pisé


Comment préparer la terre pour construire en pisé ?


  1. Extraction de la terre : On peut extraire la terre de manière manuelle ou mécanique. L'extraction de manière manuelle recquiert beaucoup de main d'oeuvre. Pour l'extraction de manière mécanique, divers engins peuvent être utilisés : la pelle mécanique, le bulldozer, le motoculteur, ... Bon à savoir : la terre locale extraite lors du terrassement est souvent gardée et réutilisée pour la construction du bâtiment.

  2. Criblage : Tamiser la terre, de manière manuelle ou mécanique, permet de trier et d'y extraire les plus gros graviers et cailloux. Plus la terre est fine, plus la terre peut être mieux compactée et stabilisée, et plus le rendu sera lisse.

  3. Pulvérisation : Pulvériser la terre pour l'aérer avant le malaxage permet un mélange de meilleure qualité. Certaines terres telles que l'argile peuvent être aglomérées en bottes dures, on va donc lors de la pulvérisation y rajouter du sable pour un meilleur pré-mélange.

  4. Malaxage : Malaxer mécaniquement la terre (grâce à un malaxeur à béton ou un motoculteur) permet une homogéinésation, nécessaire lorsque l'on veut ajouter un stabilisant.

  5. Transport de la terre : Récupérer la terre locale est un conseil à prendre en compte, car ce sont des quantités énormes de terre qui doivent être amenées depuis la carrière jusqu'au chantier. Une fois la terre sur le chantier, il faut distribuer la terre verticalement, dans les coffrages, grâce à des échelles ou des échaffaudages (ou autres engins élévateurs). Les piseurs qui portent la terre s'aident généralement de paniers, ou autres récipients. De nos jours, il est possible d'utiliser un projecteur d'enduits à air pulsé pour distribuer la terre et construire le mur, mais cette adaptation est déliquate car la terre n'est pas liquide.


architecte écologique bioclimatique var 06 Nice
Tamiser la terre pour préparer la construction



Le pisé : le coffrage



Le coffrage fait référence à la structure temporaire utilisée pour contenir et donner forme à la terre pendant la période de séchage. C'est un moule qui définit la forme et les dimensions du mur. Tout matériaux peut être utilisé (bois, auminium, acier, fibre de verre, ...).

Cependant, cette technique qui parait simple recquiert solidité et stabilité pour résister aux pressions et aux vibrations du damage, maniabilité pour monter et démonter avec facilité et légèreté, efficacité et sécurité pour un travail sur echaffaudage, modulation et calepinage parfaits pour un dimension idéale des murs (hauteur, longueur, épaisseur) et un rendu impecable.


COMMENT MAINTENIR LES COFFRAGES ?


La mise en en place des coffrages ne suffit pas, il faut s'assurer qu'ils soient solidement maintenus et stables. Pour cela, nous pouvons utiliser :

  • des clefs massives : ce sont de solides traverses, de section minimale égale à celle d'un chevron de charpente, sur lesquelles reposent les panneaux du coffrage. Lors du déplacement du coffrage, ce type de système laisse de gros trous apparents dans le pisé.

  • des petites clefs : ce sont des tiges d'acier filetées utilisées pour le coffrage béton, que l'on appelle "clefs de banche". Lors du décoffrage, elles laissent apparaître des petites trous faciles à reboucher.

  • sans clefs : et oui, c'est possible ! Pour cela, on trouve deux techniques : le coffrage indépendant percé (les panneaux sont maintenus par des tendeurs, des pinces à vis, ou des vérins hydrauliques de serrage), et le coffrage pincé sur poteaux (les poteaux ne doivent pas être trop distants pour éviter le risque de ventre du mur).


QUELLE ORGANISATION POUR BIEN COFFRER ?


Ben évidemment, l'organisation doit s'adapter selon l'architecte et son plan, selon la main d'oeuvre disponible, le matériel, le type de finition recherché, etc...

Je vous présente ci-dessous deux façons différents de coffrer :

  • le coffrage en petits éléments : on progresse petit à petit, en coffrant à chaque fois une seulle partie du mur. La progression peut se faire de manière horizontale (principe classique, modulation flexible, matériel léger et maniable), ou verticale (surtout adaptée pour les murs en trumeaux, exécution assez rapide mais les coffrages doivent être bien conçus).

  • le coffrage intégral : ces techniques nécessitent un certain professionnalisme car beaucoup plus difficile à concevoir pour un rendu de qualité. Il est possible de concevoir un coffrage intégral horizontal (la ceinture de coffrage se déplace verticalement dans sa totalité), vertical (les murs en trumeaux sont coffrés en toute hauteur, bien qu'une des deux faces soit montée au fur et à mesure du damage), ou intégral-intégral (le bâtiment est coffré en entier, d'un seul coup).


architecte écologique bioclimatique var 06 Nice
Exemple d'un coffrage de mur


Le pisé : le damage


Traditionnellement, le damage se fait manuellement grâce à des outils : les dames. Le damage est une tâche lente, fastidieuse, et fatigante. De ce fait, on a souvent recours à une mécanisation. Certes, les coûts sont plus élevés, mais on gagne en temps, et en énergie, bien que l'utilisation d'une compacteuse d'avère physique pour résister à la pression et aux vibrations.

  • le damage traditionnel : il existe différents types de dames, avec différents angles de frappe, têtes de frappes (en bois ou en métal), surfaces de frappe (l'idéal est 64cm²), poids (entre 5 et 9 kgs), et tailles du manche (généralement entre 1.30m et 1.60m)

  • le damage mécanique par impact : on utilise des fouloirs pneumatiques (ils imitent le travail des dames traditionnelles mais avec une plus grande fréquence d'impacts)

  • le damage par vibration : on utilise des plaques vibrantes.

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